Aller au contenu

Gladys, membre Vivre+, nous raconte son histoire

Vous n'avez pas la permission de voir ce formulaire.

Interview de Gladys Foggea, réalisée à la Défense, le mardi 7 décembre 2021

 

« Je m’appelle Gladys Foggea et je souhaite tout simplement me présenter comme danseuse professionnelle en fauteuil roulant.

A l’âge de 13 ans, j’ai été renversée par une voiture tout près de chez moi. La voiture est arrivée et a quitté la route. Depuis, je suis paraplégique. Sur le moment, je ne comprenais pas tout, j’étais très jeune.

Les médecins en Guadeloupe étaient très optimistes et avaient beaucoup d’espoir sur le fait que j’allais remarcher un jour. Ils m’ont encouragé à venir en métropole deux mois après l’accident pour ma rééducation.  Après plusieurs mois, rien ne se passait et je n’allais finalement jamais remarcher. Ma famille me manquait. Je commençais une sorte de dépression. J’ai donc décidé de quitter la Métropole pour retrouver ma famille en Guadeloupe. C’est à ce moment que j’ai commencé à faire mon deuil, une période par laquelle tout le monde passe, on se laisse aller. J’étais adolescente et à cette période on a envie de faire pleins de choses. Par chance, ma famille ne m’a jamais abandonnée et m’a laissé le temps qu’il me fallait pour accepter ma situation. Cela a duré 4 ans. Pendant cette période, aucun collège n’a voulu prendre le risque de m’accepter, ma situation était trop complexe. J’ai donc tenté les cours à domicile mais cela n’a pas duré.

Voyant mes amis évoluer, j’ai décidé d’avancer et de revenir en Métropole. Je me suis inscrite à l’Etablissement Régional d’Enseignement Adapté de Garches où j’y ai suivi mes études. En arrivant dans cette école, j’ai eu ce qu’on appelle le déclic. En voyant toutes les personnes qui m’entouraient, je me suis rendu compte qu’encore beaucoup de choses étaient possibles malgré ma paraplégie.

Je me suis dit « J’ai de la chance, j’ai ma tête, mes bras, et bien plus que d’autres »

J’ai rencontré d’autres personnes dans la même situation que moi et tous nos échanges m’ont permis d’arriver à cette nouvelle phase qu’on appelle l’acceptation. »

 

Et que fais-tu dans la vie aujourd’hui ?

« Je dansais depuis l’âge de 7 ans et pour moi il était impossible de danser sans mes jambes alors j’ai fait une croix sur ma passion. Je devais faire un double deuil: oublier la danse et ne plus pouvoir marcher. C’était encore plus compliqué.

Un jour, avec l’école nous sommes allés voir un spectacle de danse inclusive, une activité que j’ai découvert et c’est à ce moment-là que je suis dit que j’allais peut-être pouvoir continuer de danser.

Nous avons alors créé un petit groupe au sein de l’école et de l’hôpital de Garches avec le club des loisirs. Au début, nous avons appris à manier le fauteuil avec des personnes valides sans se rouler dessus ! Et là, la passion est revenue. Je me sentais de plus en plus à l’aise avec mon fauteuil.

Ma professeure m’a alors présenté à une chorégraphe professionnelle de la compagnie Tatoo et là tout est allé vite. Elle m’a présenté à son équipe qui m’a très rapidement mise à l’aise et m’a chaleureusement accueillie. J’avais l’impression de les connaitre depuis des années. Mon aventure en tant que danseuse professionnelle commençait. Nous avons créé petit à petit des chorégraphies en nous adaptant à ma situation.

Aujourd’hui, je suis également professeure. Nous avons mis en place un programme pour former d’autres personnes qui souhaitent s’initier à la danse inclusive. Nous aimerions faire connaitre cette activité car en France, elle est très peu développée par rapport à d’autres pays.

La danse m’a libéré. Elle m’a permis de trouver ma voie, de me dépasser, et surtout d’accepter mon corps.

Bien sûr, il y a toujours des complications.

« Le mot handicap existe car notre quotidien n’est pas adapté. La réalité nous rattrape souvent »

J’ai fait de la danse mon métier et je suis très épanouie, même si cela n’a pas tout le temps été le cas. Il fallait accepter que je ne pouvais pas faire comme tout le monde, mais aussi accepter les faiblesses techniques liées au corps car je n’ai pas d’abdos. Il y a des choses que je ne peux pas faire, ou moins bien faire que les autres mais je l’ai accepté. Et je fais des choses que les personnes valides ne peuvent pas faire non plus ^^

En 2019, j’ai rejoint une 2ème compagnie, la possible échappée. En avril 2021, j’ai d’ailleurs fait un duo avec un danseur de l’opéra de Paris. Aujourd’hui, le projet continue car j’apprends beaucoup à leurs côtés.

En 2020, j’ai aussi rejoint la compagnie Mobilis de Versailles. Nous y melons art et technologie avec l’université de la ville qui a créé un prototype de fauteuil que je peux commander sans les mains me laissant libre de mes mouvements. Des capteurs me permettront de le manipuler. La première représentation a eu lieu dimanche 12 Décembre 2021 à l’auditorium de Créteil.

La danse me permet d’avoir le sourire que j’ai aujourd’hui. Je suis aussi une personne très optimiste même si parfois les choses se compliquent. Pour moi, tout est surmontable. La vie est belle. »

 

Tu es aussi bénévole dans l’association « Comme les autres », peux-tu nous en dire plus ?

« J’ai rejoins l’association Comme les autres par hasard en 2013 grâce à un ancien camarade de classe de Garches qui m’a parlé de cette association, en m’indiquant que mon expérience pourrait être bénéfique. Surtout qu’il n’y avait encore aucune femme bénévole à cette époque.

Très rapidement, j’ai accompagné un groupe lors d’un voyage avec 2 personnes lourdement handicapées. Je me suis vu faire des hétérosondages, mais cela a été un déclic. Je me suis rendu compte que j’aimais aider et transmettre à d’autres personnes qui étaient en fauteuil depuis peu.

Aujourd’hui je continue mon accompagnement avec des femmes qui le souhaitent. Je donne des conseils sur le quotidien, comme par exemple aider à s’habiller dans son fauteuil, apprendre à faire des transferts plus facilement. Ce sont des choses simples apprises en centre de rééducation mais lorsqu’on se retrouve à la maison, ce n’est plus du tout aussi facile !

Je suis aussi là pour discuter, écouter.

Nous avons d’ailleurs mis en place un projet femmes sur 3 jours, avec une animation d’un atelier danse, un apéro sexo, une journée avec atelier maquillage avec une marque de Luxe, création de parfum. Il y avait aussi un atelier couture pour apprendre à adapter ses vêtements pour faciliter le sondage. Et pour finir, un shooting photo pour nous aider à nous mettre en valeur alors qu’on n’a plus du tout confiance en soi. Parfois en fauteuil on oublie de prendre soin de soi, on oublie de s’habiller et d’être une femme, car le côté médical l’emporte. Alors que même en fauteuil on peut être belle !

J’ai très peu été accompagnée à ma sortie du centre de rééducation, dans lequel on est très couvé. En sortant, on ne sait pas où aller, vers qui se diriger pour avoir des aides, pour faire des aménagements. Il y a tellement de choses à faire et à penser : vais-je pouvoir reprendre mon travail ? vais-je pouvoir reconduire ? et mon dossier MDPH ? etc… En centre, la rééducation c’est le plus important. C’est aussi pour cela qu’avec l’association Comme les autres, nous accompagnons dès la sortie du centre de rééducation.

Et c’est aussi pourquoi nous organisons des activités, pour que chacun puisse se rencontrer, prendre de l’expérience de l’autre, ou même des contacts pour faire telle ou telle chose. Finalement, plus on rencontre de monde, plus on se donne l’opportunité de faire des choses et d’améliorer son quotidien. »

« Il y a toujours des montagnes devant nous et il faut avoir la force de les gravir car derrière il y a toujours mieux ».

 

Le mot de la fin ? 🙂

« Aujourd’hui, j’espère amener de l’espoir dans la vie de certaines personnes lorsqu’on me voit en fauteuil roulant sur scène en train de danser, et rien que d’y penser cela me fait du bien.

Le handicap ne nous définit pas, je suis une personne à part entière avec des envies et des besoins et je fais tout pour aller chercher cette vie que j’ai rêvé. Je pense l’avoir trouvée ! J’ai décidé de ne plus en vouloir au monde entier. Alors oui, parfois le handicap me rattrape avec des endroits peu ou pas accessibles, des personnes qui ne veulent pas m’aider mais je souhaite faire avancer les choses et mettre en lumière ce qu’on peut améliorer. »

Vous n'avez pas la permission de voir ce formulaire.
handisport

Le terme handisport désigne un sport dont les règles ont été établies afin que ce sport puisse être pratiqué par des personnes ayant un handicap quel qu’il soit.

Voiture-handicape

Une personne à mobilité réduite doit pouvoir accéder facilement à des lieux physiques  et à des informations au même titre que les autres. Cependant, consciemment ou inconsciemment, le respect de ces droits est quelque peu négligé.

sondes-urinaires

Une sonde urinaire ou sonde vésicale est un dispositif que l’on introduit dans l’urètre  jusqu’à la vessie et sert à la vidanger en cas de troubles mictionnels. L’urine vidangée peut-être versée directement dans les toilettes ou récoltée dans une poche de recueil.